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Thomas Angeletti, Aurélien Berlan, dir., 2015, Convoquer les êtres collectifs, Tracés. Revue de sciences humaines, 29.
Dans quelles situations les individus se retrouvent-ils confrontés à des êtres, des institutions ou des systèmes qui les dépassent ? Comment y font-ils référence ? Quelles solutions théoriques les sciences sociales mobilisent-elles pour en parler ? Ce numéro regroupe des contributions empiriques et théoriques qui étudient les modes d’existence et d’apparition des êtres collectifs quand ils sont envisagés comme des vecteurs d’action. Une tension centrale traverse toutes les disciplines représentées : d’un côté, on se prémunit méthodologiquement contre toute substantialisation des êtres collectifs, de l’autre on va au-delà de cette précaution pour les faire agir. Cette tension est d’autant plus sensible que les sciences sociales n’ont aucunement le privilège de mobiliser des entités collectives : les personnes ordinaires ne cessent de les convoquer ou de les combattre. En étudiant des êtres aussi différents que le capitalisme, les marchés, l’État, les corps délibérants, l’Église, La Poste ou encore les Nicolotti dans la Venise du XVIIIe siècle, les articles, traductions et entretien présents dans ce numéro montrent la variété des manières de convoquer de telles entités.
In what kind of situations do individuals face collective entities, institutions or systems larger than themselves? How do they refer to them? What theoretical approaches do social sciences take to discuss them? The empirical and theoretical articles in this special issue examine the modes of existence of collective entities when they are conceived as actors. There is a general tension that unites these analyses across all the disciplines represented in this issue: on one hand, it is important to be careful to avoid substantializing collective entities in any way; on the other hand, it appears necessary to toss this caution aside and consider them as acting institutions. This contrast is even more significant when one takes into account that social scientists are not the only ones to refer to collective entities: people never stop to summon them or to fight them. By exploring entities as diverse as capitalism, markets, the state, deliberating bodies, the Church, the French postal system or the Nicolotti in eighteenth-century Venice, the articles, translations and interview gathered in this issue show the variety of ways to deal with such collective entities.